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"l'esprit fécond du doute"
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"l'esprit fécond du doute"
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30 novembre 2017

Energie ?

Une civilisation peut-elle économiser l'énergie ?

par Bernard Beauzamy

La question est d'actualité, mais elle n'est pas clairement posée, car on ne sait pas bien ce que recouvre le terme "énergie", qui est de création récente. Jadis, on parlait de conquêtes et d'efforts, et on ne les ménageait pas, pour "conquérir le fabuleux métal que Cipango mûrit dans ses mines lointaines".

Toutes les civilisations humaines à ce jour ont reposé sur la conquête de nouveaux territoires, sur de nouvelles découvertes, qu'elles soient raffinées, comme la Grèce au siècle de Périclès, ou frustes, comme les Esquimaux ou les Papous de Nouvelle Guinée. Les "sociétés animales", elles aussi, reposent par principe sur l'extension de la population, des terrains de chasse, etc.

Notre civilisation, qui voudrait ériger en principe les "économies d'énergie" est donc la seule à ce jour : cela ne suffit pas à la discréditer, mais cela suffit à éveiller la méfiance.

De quelle énergie s'agit-il ?

La réponse est extrêmement confuse, tant la doctrine est incohérente, mais on peut en extraire deux grandes lignes : il faut diminuer la consommation d'électricité et la consommation d'essence.

L'idéal serait, selon cette doctrine, que la France, l'Europe, le monde entier, consomment et donc produisent moins d'électricité, consomment moins d'essence et donc extraient moins de pétrole.

On a du mal à comprendre les fondements d'une telle doctrine, mais enfin essayons ! Pour la production d'électricité, il s'agit de limiter l'effet de serre, supposé être à l'origine du réchauffement de la planète. L'argument ne tient pas ; il est déficient d'un bout à l'autre. Il n'y a pas de réchauffement de la planète, mais seulement des variations de température très ordinaires, que l'homme ne sait pas mesurer et dont il vient tout juste de prendre conscience. Rien ne dit que l'effet de serre ait un lien avec ces variations, dont le soleil pourrait être la cause principale. Enfin, on sait produire l'électricité sans émettre de gaz à effet de serre : le nucléaire, l'hydraulique, l'éolien, etc. On ne voit donc pas pourquoi il faudrait utiliser moins d'électricité, pour satisfaire une planète qui n'a rien demandé et qui s'en moque complètement.

Pour l'essence, l'argument est : les ressources naturelles s'épuiseront un jour ou l'autre. Certes, mais pourquoi ne pas attendre qu'elles le fassent ? Ces ressources, en vérité, augmentent tous les ans, malgré la consommation, parce que l'on trouve de nouveaux champs pétrolifères et parce que l'on sait de mieux en mieux tirer parti des gisements existants. Mais, de toute façon, économiser une ressource parce qu'elle finira par disparaître est une politique absurde. Le jour où elle devient trop chère, elle est remplacée par une autre : c'est ainsi que l'humanité a utilisé successivement les esclaves, les animaux domestiques, la machine à vapeur, etc. Au 19ème siècle, il n'est venu à l'idée de personne de dire : nous allons limiter les trajets en diligence, pour ne pas épuiser la ressource chevaline et retarder l'apparition de l'automobile.

Pouvons-nous réellement économiser l'énergie ?

La consommation d'électricité en France augmente constamment (chiffres publiés par EdF), bien que nombre d'appareils soient de plus en plus performants. Cela tient au fait que, en réalité, notre civilisation (comme toutes les autres) se découvre de nouveaux besoins et se moque complètement des incantations des pouvoirs publics. Pour limiter la consommation, une méthode, mise en oeuvre dans de nombreuses branches industrielles, consiste à instaurer des barrières réglementaires, des seuils environnementaux : on déclare que la production crée des nuisances, affecte la qualité de l'air, etc. L'industriel, évidemment, plie bagage et se réfugie sous des cieux plus cléments. Le résultat est amusant, si l'on peut dire : la production est assurée par des installations beaucoup plus "énergivores", beaucoup moins respectueuses de l'environnement, et nous perdons les emplois correspondants.

Mais la doctrine est sauve : il y a en France moins d'émissions de gaz à effet de serre et la consommation en énergie est limitée.

On nous dit que le public doit faire preuve de civisme, éviter par exemple de faire tourner les machines à laver en fin d'après midi, pic de consommation. Voilà une doctrine bien intéressante, qui confine au rationnement d'après-guerre. Le propre d'une civilisation est normalement d'apporter à chacun le confort qu'il souhaite, au moment où il le souhaite. Je n'ai pas à justifier l'heure où j'utilise ma machine à laver.

Ces doctrines d'harmonisation sont elles mêmes incohérentes. Le week-end, par exemple, correspond à un creux de consommation, mais les entreprises et les commerces qui voudraient fonctionner le dimanche n'en ont pas le droit, au nom d'une idéologie d'origine religieuse. Les dieux anciens et les dieux modernes sont en désaccord quant aux dogmes qu'ils voudraient nous imposer.

Les doctrines liées au transport sont elles mêmes incohérentes. On voudrait promouvoir les transports publics, supposés plus vertueux que les véhicules individuels, et on critiquera par exemple les parents qui amènent les enfants à l'école, réclamant la mise en place d'un car de ramassage scolaire. Mais les enfants ne sortent pas tous à la même heure et ne vont pas tous au même endroit, si bien que le car, dimensionné pour le plus grand nombre, tournera presquetoujours à vide.

Partir en week-end en famille est un péché : au retour le dimanche soir, on peut faire le compte de l'essence gaspillée, en pure perte puisqu'on est revenu au point de départ. Il en va de même des vacances, surtout lorsqu'elles sont lointaines. La consommation de fruits exotiques est répréhensible ; Cosette, recevant une orange pour Noël, aurait été montrée du doigt.

Le Gouvernement, il y a peu d'années, a fait passer des lois, interdisant la production de certains types d'ampoule. Le résultat est l'introduction d'ampoules dites "basse consommation", qui n'éclairent rien (si bien qu'une génération tout entière souffre de la vue), coûtent beaucoup plus cher et ne durent pas plus longtemps. On s'étonne qu'une telle loi ait pu être promulguée : elle est contraire à la constitution. Chacun est libre de produire ce qu'il veut, du moment que la santé d'autrui n'en souffre pas. Ce sont là, paraît-il, des directives européennes, que la France a adaptées.

Il n'est de directive européenne si chétive, de règlement européen si ridicule, que les fonctionnaires français du Ministère de l'Ecologie ne transforment en Tables de la Loi et ne placent au centre du Temple de la Sagesse ; les plus sombres despotes n'ont jamais eu de zélateurs plus empressés.

Devons-nous réellement économiser l'énergie ?

Personne, bien entendu, n'économise quoi que ce soit, mais il y a une hypocrisie ambiante, qui empêche de voir les choses en face. Si je désire allumer toutes les lumières de mon domicile, mettre ici et là des ampoules de 500 W et des radiateurs électriques de 3 000W, ouvrir tous les robinets puis toutes les fenêtres, et quitter ensuite mon domicile en laissant tout ceci fonctionner, c'est mon droit et je réclame de pouvoir en faire usage, si mes moyens me permettent de payer les factures.

Dans bien d'autres domaines, personne ne songe à m'en priver : je puis accumuler des tonnes de nourriture, des centaines de chaussures, sans que personne n'y trouve à redire ; pourquoi ma consommation d'essence, d'eau et d'électricité devraient-elles être surveillées ? On me dira que c'est du gaspillage, mais toute notre existence n'est qu'un gaspillage, et je revendique ce droit. Comme disait Voltaire "Traité sur la Tolérance" : La nature dit à tous les hommes: Je vous ai tous fait naître faibles et ignorants, pour végéter quelques minutes sur la terre, et pour l’engraisser de vos cadavres.

Je ne vois pas pourquoi je laisserais à des politiciens doctrinaires et ignorants le soin de décider de ce que je puis ou non gaspiller et j'entends que ces "quelques minutes sur la terre" soient convenablement éclairées.

Bernard Beauzamy

Source :http://www.scmsa.com

 

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